« Non, tu l'écoutes; moi, je m'en vais ! » grogna Phoebe. C'est souvent comme ça avec elle: plus on lui refuse quelque chose, plus elle le veut ! Et là, plus Nathan allait essayer de la retenir, plus elle allait essayer de partir et plus elle allait s'énerver... Le médecin continuait sans prendre compte des protestations de la jeune femme. « Je m'avance peut-être un peu vite, je n'ai pas pu la voir évoluer pendant bien longtemps. Il peut y avoir plusieurs possibilités à ce comportement, je ne veux pas m'avancer en disant quelque chose qui se révèlerait faux... » Phoebe leva les yeux au ciel à nouveau, c'était insensé ! « Nan mais vous vous entendez ?! Je vais très bien, je n'ai jamais été aussi bien de ma vie, okay ?! » déclara-t-elle en s'énervant vraiment, cette fois ci. Puis elle se tourna vers Nathan, parce qu'elle croyait avoir enfin trouver une raison à tout ceci. « Tu m'avais dit ne pas vouloir te débarrasser de moi... Et pourtant, tu essayes de faire dire n'importe quoi à ce médecin ! Voilà pourquoi tu essayes de faire croire que j'ai tout inventé, parce que tu veux absolument te débarrasser de moi ! J'aurais dû m'en douter, je savais que ton histoire de m'emmener à l'hôpital pour cette semi-noyade n'était pas crédible, surtout que je te répétais que j'allais bien ! » Jugement faussé, accélération de la parole, quasi-agressivité ... voilà qui devrait mettre le médecin sur la voie de la maladie de Phoebe, il semblait d'ailleurs totalement captivé par ce qui se déroulait sous ses yeux. Mais Phoebe n'allait très certainement pas rester là à se faire avoir comme une idiote. « tu n'aurais pas dû te donner autant de mal ! » pesta-t-elle en direction de Nathan en ouvrant la porte pour sortir de cette pièce.

Nathan commençait à s'énerver ce qui a choqué Phoebe pendant... une demi-seconde. Après quoi, la colère était revenue en force et elle avait limite crié : « Justement, tu aurais peut être dû me laisser couler, ça t'aurait éviter de dépenser de l'essence pour m'emmener dans cet hôpital pourri ! Et cette situation n'avait absolument RIEN de dangereux ! Je m'en sortais très bien ! »
Puis, le jeune homme se défendit, essayant de ramener Phoebe à la réalité, de lui montrer la vérité.. Mais bien entendu, cela n'arriva pas à ses oreilles comme Nathan l'aurait voulu. Et oui, elle avait trouvé cette fameuse "explication rationnelle" que Nathan cherchait. Phoebe n'avait pas pris longtemps pour trouver ce que ça pouvait être. « Ne vas-tu jamais t'en rendre compte ?! Tu le dis clairement toi même, pourquoi m'avoir... "sauvé" en sachant que je ne t'avais pas écouté ? La réponse m'apparait distinctement : tu tiens à moi mais tu refuses de te l'admettre. Chose totalement idiote d'ailleurs puisqu'un couple est censé s'aimer mutuellement ! Je.. et là, ça devient compliqué... » Dans sa tête, elle essaya de récapituler tout ce qu'elle venait de dire: ils sortaient donc ensemble depuis deux mois, elle savait qu'il l'aimait, tout comme elle l'aimait mais alors, pourquoi ne voyait-il pas qu'il l'aimait aussi ? C'était...
Phoebe venait de perdre tous ses repères et elle ressentait le besoin d'être rassurée sur ce sujet. « Tu m'aimes, pas vrai ? » demanda-t-elle à Nathan, en rechangeant une nouvelle fois de comportement, si bien qu'elle devint presque suppliante.

Le médecin décida alors d'intervenir. Il referma la porte que Phoebe avait ouverte, tira les deux chaises qui se trouvaient en face de son bureau et les désigna de la main « Calmons-nous et discutons tranquillement. Asseyez vous, je vous prie. » Il fit le tour du bureau et s'assit sur son siège, visiblement avec l'envie de discuter ! « D'après ce que j'ai pu en voir jusque là, cette demoiselle semble être hyperactive, cependant, cela n'explique pas les subites changements d'attitudes que j'ai pu observer. La drogue pourrait être une bonne explication : les changements d'attitudes, les situations dangereuses, l'agressivité.. Alors, ma question est simple : consommez-vous de la drogue ? »
Phoebe n'en croyait pas ses oreilles ! Pourquoi personne ne voulait la voir comme elle était : elle allait bien ! Ce n'était tout de même pas compliqué à comprendre ! Elle agissait parfaitement normalement et elle se sentait bien ! « Pardon ?! » demanda-t-elle, incrédule. Elle avait forcément mal entendu ! Elle ? se droguer ?

Non, Nathan ne pouvait pas l'aimer qu'en ami, cela ne pouvait pas être vrai ! Elle en eu presque la respiration coupée. Mais puisqu'ils étaient en couple... cela n'avait aucun sens. Elle eut un énorme coup dans la poitrine. « Mais si, moi, je t'aime plus que ça ? Et si je te dis que je peux pas vivre sans toi ? » murmura-t-elle sans avoir la certitude que Nathan ai tout entendu.

Bien sûr, ce médecin intervenait toujours au mauvais moment et lui dire qu'elle était une droguée l'énervait prodigieusement. Surtout quand Nathan semblait y croire. « Tu... tu... euh, j'arrive pas à le croire! » Elle espérait bien qu'il n'y croirait pas ! Elle ne s'était jamais droguée de toute sa vie, elle n'avait même jamais voulu tenter ! « t'as plutôt intérêt de ne pas y croire, je suis pas une droguée ! » Elle était estomaquée. Déjà qu'on puisse faire croire qu'elle se droguait, c'était "too much" comme on dit mais que Nathan le croit.. là, c'était la goutte d'eau de trop !
« Non... Autre chose, une autre possibilité. Je... elle en est pas capable! » Et voilà qu'il la sous-estimait maintenant. Qu'allait-elle devoir faire pour qu'il arrête tout ça ?! Pour qu'ils arrêtent de la regarder comme si... si elle n'allait pas bien. Elle se sentait bien.. bon, un peu moins bien là, faut l'avouer mais depuis le début de la journée, Nathan n'avait pas arrêté de lui faire du mal alors... Peut-on mourir de souffrance émotionnel ? Parce qu'elle avait vraiment l'impression que c'était possible...
« Des analyses devront tout de même être faite pour confirmer vos dires ! Vous savez, je ne pense pas connaitre cette demoiselle depuis assez longtemps pour me permettre d'établir un diagnostic... Pouvez-vous me parler d'elle ? Agit-elle toujours de cette façon ? Cherche-t-elle toujours le danger ? Est-elle parfois moins... hyperactive, dirons nous ? » Elle se demanda vaguement s'ils étaient au courant qu'elle était juste à côté d'eux et qu'elle entendait absolument tout ce qu'ils disaient. Mais cela l'importait peu, elle voulait trouver une solution. Elle voulait savoir comment faire pour que Nathan l'aime comme au début. Elle se demanda si elle devait changer et ce qu'elle devait changer. Son amour avait-il disparu quand elle avait parlé de son passé ? ou était-ce ce moment à la plage ? ou bien un autre jour ? Elle le regarda, se demandant sans cesse ce qui avait changé... Une larme fit son apparition au coin de son œil, elle l'essuya en vitesse, ne voulant pas que les deux hommes la remarquent.

Elle écoutait le médecin et Nathan parler, cherchant la solution à tous ses problèmes.
Premièrement : comment reconquérir le cœur de Nathan ? Elle avait tout de même encore du mal à croire qu'il.. ne l'aimait plus. C'était quasiment impossible pour elle. Un énième coup se fit sentir dans sa poitrine. Qu'allait-il se passer maintenant ? Maintenant que Nathan ne voulait plus d'elle ?
Deuxièmement : leur faire comprendre qu'elle allait bien.

« Relativement souvent, elle cherche à m'impressionner... elle... enfin à part au travail où elle anime la radio sagement... presque... et les sous entendus à mon sujet! Sinon voilà! » déclarait Nathan. Le médecin hocha la tête, comme pour dire qu'il comprenait, ce qui exaspérait Phoebe. Elle ne cherche pas à impressionner Nathan, elle ne fait que s'amuser ! Et les sous-entendus, excusez moi mais quelle fille n'en fait pas à propos de son petit ami, hein ?! Phoebe était normale, elle allait bien, se sentait bien et tout était cool. Pourquoi avoir envie de trouver des problèmes là où il n'y en a pas ?! « Très bien, dans ce cas, il serait préférable que je parle à ses proches. Connaissez vous ses proches ? Savez vous qui je pourrais contacter ? Plus j'en serais sur son comportement, plus vite nous pourrons éclairer ce mystère ! »
"Mais quel mystère ?!" pensa Phoebe, exaspéré. Elle allait sérieusement avoir mal aux yeux à force de les lever au ciel ! C'était une stupidité ! Pour elle, c'était stupide ! C'est vrai, après tout, quel médecin va essayer de trouver un problème à une patiente qui répète qu'elle n'en a pas ?! « Parlez moi un peu de vous. » demanda-t-il à Phoebe en la regardant d'un air bizarre, comme si elle avait 12 ans. Elle lui répondit par un petit sourire sarcastique, il était hors de question qu'elle parle d'elle ! Elle avait largement assez parlé d'elle, elle venait de dire tout son passé, n'est-ce donc pas suffisant ?!
« Comment vous sentez vous ? Dîtes moi ce que vous ressentez. » continua-t-il en ne lâchant pas l'affaire. Très bien, il voulait connaitre les sentiments de Phoebe ? Il allait être servi ! Phoebe se prit donc au jeu et s'installa sur la chaise en tailleur, comme si tout ceci l'intéressait. « D'accord. Alors, je me sens... d'un côté, je me sens triste. Triste de savoir que... Je perd Nathan et ça me brise le cœur. Je... Si je ne l'avais pas rencontré... je ne serais jamais devenue celle que je suis aujourd'hui, il me donne envie de me battre quand je me lève le matin. Et d'un autre côté, je suis en colère. Parce que je perd Nathan, bien sûr mais surtout parce que vous cherchez des problèmes là où il n'y a rien à trouver ! Je ne cesse de le répéter sans que cela n'arrive jamais à vos oreilles ! Je. Vais. Bien ! » "Alors, verdict docteur ?!" C'était clairement ce que son visage devait afficher comme expression. Au fond, elle était presque impatiente de voir ce qu'il trouverait à dire. Après tout, cela pouvait être plutôt amusant !

« Hého, je suis là! Je suis là, d'accord? Et ce que tu es devenue... cela n'a aucun rapport avec moi. On ne cherche pas de problème, on cherche surtout des solutions! »
D'accord, pour l'instant, il était là mais plus tard ? Un coup qu'ils seraient sortis de cet hôpital ? Un coup que cette "rupture" serait officielle et définitive, elle savait bien que ça n'irait pas plus loin, que tout serait fini... « Me dis pas n'importe quoi Nate. Je sais bien comment les ruptures se passent. J'ai, peut-être, pas beaucoup d'expérience, mais j'en ai tout de même assez pour voir que tu veux plus de moi ! » Phoebe savait depuis le début qu'aller à l'hôpital serait le début de la fin, elle avait pressenti que ça allait mal se passer. Dire qu'elle était dans un cabinet médical avec Nathan qui lui disait qu'il la considérait juste comme une amie.. Et elle réalisait que la situation était pire qu'elle ne pouvait l'imaginer: Nathan ne voulait plus d'elle. Pourquoi sa poitrine continuait à lui faire toujours aussi mal ? Et quand finirait-elle par craquer et par supplier Nathan de la reprendre ? Cela ne devrait pas être bien long...
« Et tu crois vraiment que j'étais comme ça avant ? J'étais triste, seule et la vie ne valait pas la peine d'être vécu... et tu es apparu et ma vie s'est comme... éclairé. Tu as donné un sens à ma vie ! Si tu voulais savoir ce que je ressens pour toi, voilà, c'est fait ! » Sa voix était devenue tremblotante, signe annonciateur de larmes à venir. Mais elle ne s'était pas dégonflée et elle avait enfin avoué ce qu'elle ressentait pour Nathan. Elle se leva alors, repoussant la chaise assez violemment, les larmes aux yeux. « Voilà, c'est ça que vous vouliez savoir ? Ma vie était nulle, vide de sens, j'étais seule et ... Et maintenant, qu'est ce que je deviens si il me dit qu'il ne m'aime plus, hein ?! » C'est vrai, quoi, qu'est-ce qu'elle allait devenir ?! Sans Nathan, sans celui qui éclairait ses journées, celui qui rendait sa vie agréable à vivre ?
« Vous dîtes que vous étiez triste ? à quel point l'étiez-vous ? Il vous arrive encore de l'être pendant plusieurs jours ? plusieurs semaines ? » Elle le regarda, abasourdi. se demandant ce qu'il pouvait bien vouloir dire par ça. "qu'est-ce que ça peut faire de toute façon ?" pensa-t-elle. Mais, visiblement, le médecin pensait avoir mis la main sur quelque chose de capital. Il regardait Phoebe, intrigué, cherchant sûrement encore plus de raisons pour confirmer ses pensées.

Elle se leva, exaspérée et surtout triste. Elle voulait crier à Nathan qu'il s'était bien passé quelque chose et qu'il n'était pas obligé de tout renier sous prétexte que c'était fini... Non, ça ne pouvait pas être fini !
Elle ne voulait pas pleurer, elle n'arrêtait pas de le faire mais elle ne pouvait tout simplement pas empêcher les larmes de couler. C'était bien trop pour elle, elle ne pouvait pas croire que c'était fini avec Nathan. « Phoebe... je t'apprécie, vraiment, sincèrement. Mais il n'y a pas d'amour! J'ai jamais rien voulu d'autre que de l'amitié et c'est pour cela qu'on a jamais franchi ce seuil. » lui dit-il après la mini déclaration amoureuse que Phoebe venait de lui faire. Elle secoua la tête, comme pour éviter d'avoir à réfléchir à ce qu'il venait de dire. Elle renifla et s'assit au sol, contre le mur, comme elle l'avait fait précédemment. Appuyant ses coudes sur ses genoux qu'elle avait replié vers elle, elle posa le haut de sa tête dans ses paumes de main, sanglotant.

Et le médecin était toujours là, essayant d'avoir une réponse. Nathan la fixait aussi, désirant sûrement avoir la réponse tant attendu. Phoebe avait été triste, ça arrive à tout le monde non ? Et elle avait de quoi être triste et déprimée : elle venait de fuguer de chez elle parce que ses parents la maltraitaient. Elle s'était retrouvée seule et pendant des années, elle a dû travailler pour pouvoir payer le loyer d'un petit appartement miteux qu'elle louait à l'époque. Elle n'avait quasiment pas d'amis ( pour ne pas dire aucun ) et c'est à peine si elle sortait. Bref, elle ne voyait pas en quoi cette information pouvait être importante !
Elle ne répondit pas, restant dans son coin. Et dire que... Non, elle ne voulait plus y penser, elle ne devait pas y penser, ça faisait trop mal ! Le médecin vint alors s'agenouiller devant Phoebe, et lui parla tout doucement. « Écoutez, vous devez me -nous- dire comment vous vous sentiez à cette époque, cela pourrait me faire avancer dans mon diagnostic ! Je suis là pour vous aider ! » Elle leva alors les yeux vers lui, le regardant avec des yeux remplis de larmes. Il voulait l'aider ? Alors pourquoi lui avoir fait tout avouer de sa vie ?! Pourquoi avoir posé des questions qui ne le concernaient en rien ?! Pourquoi avoir tout gâché ?! « Vraiment ? Alors pourquoi, depuis que je suis dans cette pièce, je souffre comme jamais ? Pourquoi c'est la première fois que j'ai autant mal ? » articula-t-elle en le regardant. L'aider ? Dans ce cas, il aurait mieux fait de dire qu'elle allait bien.. Mais maintenant, plus rien n'allait. A quoi servait tout cela de toute façon ? Ça n'avait plus aucune importance, sa vie n'avait plus aucune importante ! Sa vie était sans espoir, et ça, depuis le début. Elle détourna le regard à nouveau et continua à sangloter. En une fraction de secondes, elle avait tout perdu : Nathan n'était plus son Nathan. Elle était de retour au point de départ : malheureuse, triste, le cœur brisé et seule... C'était l'histoire de sa vie !

Oui, c'était la première fois qu'elle sentait son cœur se déchirer en deux, c'était la première fois qu'elle avait l'impression que les larmes lui coupaient la respiration tellement elles étaient douloureuses. C'était la première fois qu'elle voyait une personne qu'elle aimait s'éloigner. Certes, son passé n'était pas vraiment réjouissant. Mais on ne peut pas dire qu'elle tenait à ses parents, c'est sûrement pour ça qu'elle n'a eu aucun regret de partir, tout comme elle n'en a pas souffert, ça a plus été un geste libérateur.
Mais là, c'était la personne dont elle tenait le plus au monde, son obsession, celui qui la faisait revivre, qui s'éloignait ! Elle s'était tellement mis en tête qu'elle était éperdument amoureuse de lui, que maintenant, elle souffrait d'une chose qui n'était même pas réelle ! Mais la peine, elle, était bien là et ce sentiment est bien souvent destructeur. Pour une fille aussi fragile que Phoebe, ça l'était d'autant plus !
Puis Nathan s'approcha d'elle et lui fit un bisou sur le front. Mais elle n'en voulait pas de ce bisou, si Nathan ne voulait plus d'elle alors, il n'avait qu'à partir ! Ce bisou intensifia juste la peine un peu plus. Mais d'autre côté, elle voulait qu'il reste près d'elle et qu'il la prenne dans ses bras... Deux sentiments totalement contradictoires ! « Excuse-moi. Je... je peux comprendre que tu ais ce sentiment, cette impression! C'est le poids de se libérer d'un lourd passé. Mais il faut prendre conscience des choses par ailleurs. » lui dit-il ensuite. A cet instant, son passé était le dernier de ses problèmes. Elle avait même du mal à penser tellement elle était blessée et abasourdi par toute cette situation. « Pour dire vrai, c'est le poids d'un avenir qui ne se réalisera pas ! » lâcha-t-elle, amère. Une femme blessée peut dire et faire n'importe quoi et Phoebe était dans ce cas. Elle voulait se poser deux secondes pour bien comprendre ce qui se passait parce qu'elle avait encore un peu de mal. Certes, elle comprenait que Nathan ne l'aimait pas ( d'où les larmes qui coulaient sur son visage ) mais elle avait encore du mal à imaginer toutes les choses que ça allait changer dans sa vie. Elle savait tout de même que sa vie allait redevenir quelque chose qu'elle devrait supporter, pas quelque chose qu'elle allait apprécier - comme ça avait pu être le cas ces deux dernières mois.

Elle se leva à nouveau pour aller se recroqueviller contre un autre mur. Elle voulait être seule maintenant, elle aurait aimé qu'on lui en donne le droit. Mais vous pensez bien que c'était sans compter sur ce médecin qui revint à la charge. « Comment vous sentez-vous ? »
Ce fût la goutte d'eau en trop, Phoebe était sur le point de péter un câble ! Ce médecin avait vraiment des questions idiotes quand il s'y mettait ! « ça se voit pas comment je me sens ?! » grogna-t-elle à travers ses larmes. « Quand vous vous sentiez triste dans le passé, était-ce le même sentiment ? Ou était-ce pire ? » Phoebe se demanda pourquoi ce docteur essayait de la mettre tant à bout. Elle se demanda aussi pourquoi elle n'avait pas pris ses jambes à son cou pour aller pleurer ailleurs. Et puis, elle se demanda même si elle n'allait pas en dire trop, mais ses paroles allèrent plus vite que ses pensées, si bien qu'elle n'eut pas le temps de dire à son cerveau de la fermer une bonne fois pour toute ! « Je voulais mourir, j'avais envie d'en finir mais j'ai jamais trouvé le courage de le faire ! Je savais bien que la vie était une chienne et qu'elle ne méritait pas d'être vécue ! Et j'en ai la confirmation aujourd'hui ! » sanglota-t-elle en se recroquevillant d'autant plus sur elle-même. Elle se rendit d'ailleurs compte que ce sentiment refaisait surface à ce moment là. Après tout, à quoi ça pouvait bien servir de vivre sans Nathan ?! Ses larmes s'intensifièrent pour une raison inconnue. Dans le fond, elle avait enfin trouvé la solution à tous ses problèmes !
Le médecin, lui, acquiesça à la déclaration de Phoebe, aurait-il enfin trouvé la maladie rare dont Phoebe était victime depuis plusieurs années ?

Phoebe ne faisait même plus attention à ce qui se passait autour, elle essayait de calmer la douleur, c'était... juste indescriptible ! Nathan, lui, semblait en avoir marre de toute cette situation et déclara qu'il serait peut être mieux qu'il la ramène chez elle pour qu'elle puisse se reposer. Cela n'aurait pas été de refus, il faut le dire, Phoebe aimerait pouvoir rester toute seule chez elle pour déprimer sur sa vie pourrie. « Si vous voulez partir, je ne saurais comment vous retenir ! Il y a tout de même quelques petites choses que vous devriez savoir. D'après ce que j'ai pu en voir, la demoiselle souffre bel et bien d'une maladie. Si je devais donner un diagnostic maintenant, je pencherais pour... la maniaco-dépression. Toutefois, cette maladie est une maladie extrêmement difficile à diagnostiquer, il se peut donc que je me trompe. Il faudrait que je parle à ses proches pour en apprendre plus. Mais si c'est bien ça, alors, ça peut expliquer la relation qu'elle pense avoir avec vous.. Ou peut-être est-ce de l'érotomanie mais dans ce cas, ça devient réellement dangereux.. Non, cela ne colle pas. » Le médecin affichait un air songeur, réfléchissant sûrement à cet élément qu'il venait de mettre en lumière, se persuadant intérieurement que ça ne pouvait pas être de l'érotomanie mais bien autre chose. « Une chose est sûre, il faudra faire très attention à elle, pour éviter qu'elle ne se mette en danger et se blesse... » Phoebe n'en croyait pas ses oreilles ! Alors c'était ça ? Ils pensaient tous qu'elle était malade ? Qu'elle avait tout inventé ? Son seul et unique bonheur ressortait d'une stupide maladie ? Ce n'était pas possible que ça soit cela, elle ne s'était jamais sentie malade. Elle avait passé deux mois absolument parfait et là... c'était pire que tout ce qu'elle avait jamais pu imaginer. « Alors, c'est vraiment ça que vous pensez ?! » demanda-t-elle en regardant Nathan bien qu'elle s'adressait aux deux hommes.

Super, en plus de la prendre pour la pauvre petite fille qui a été brutalisé toute sa vie, elle allait être la folle qui imagine des trucs... Comment Nathan pouvait croire en tout ça ? Comment le médecin pouvait suggérer une telle chose ? Et comment pouvaient-ils croire qu'elle avait besoin de leur aide ?! Elle n'en voulait pas, de leur aide que le médecin semblait tant suggérer ! Ce n'est pas possible, elle devait faire un cauchemar.
Et voilà que Nathan en rajoutait une couche avec la famille de la Miss. Personne ne la laisserait oublier, c'est bien ça ?! « Effectivement. Rencontrer ses proches, ses amis, ses connaissances, toute personne ayant eu un contact avec elle. Chaque changement d'attitude devra sérieusement être signalé ! » répondit le médecin. Et Phoebe, elle, était toujours assise au sol, en pleurant.. Une question lui traversa alors l'esprit : "qu'est ce que je fous encore ici moi ?!". C'est vrai, si ils voulaient parler de Phoebe, très bien, qu'ils s'amusent mais elle ne voulait pas écouter leurs bêtises, elle ne voulait pas y croire.
Alors, elle se leva malgré que son cœur semblait peser une tonne et se dirigeai vers la porte. En commençant à tourner la poignée, elle se disait qu'elle allait sortir d'ici et être enfin "libre". Grave erreur : la porte était barrée à clé ! Mais quel médecin va renfermer ses patients dans son cabinet ?! C'était quoi ce délire ? Entre ses questions débiles et son attitude bizarre, il avait pas bientôt fini ?! Il prenait le dossier "Phoebe" un peu trop à cœur apparemment ! « Ouvrez moi cette saleté de porte ! » pleura-t-elle en tapant la porte de sa main, puis de son pied comme pouvez le faire un enfant qui n'est pas content et qui pique une crise.
Pleurer, crier... cela était tellement faible par rapport à ce que ressentait Phoebe. Elle se sentait tellement vide, tellement détruite. Pourquoi la vie s'acharnait-elle sur elle de la sorte ? Il était donc impossible qu'elle ait un moment heureux dans sa vie ? Impossible que sa vie soit de mieux en mieux, pas de pire en pire ?
Elle tourna la poignée frénétiquement, espérant sûrement que la porte finirait par céder et s'ouvrirait enfin. Elle pensait qu'en dehors de cette pièce, tout redeviendrait comme avant, qu'elle devait être hors du temps ou quelque chose comme ça. Elle ne voulait pas croire que tout cela puisse être réel. En dehors de cet hôpital, il devait bien rester de l'espoir, non ? Si seulement elle avait tourné la poignée dans l'autre sens, elle aurait pu sortir... Puisque la porte n'était pas barrée, juste fermée comme il faut !

Phoebe était toujours en train d'en vouloir à cette porte qui ne voulait décidément pas s'ouvrir, elle essayait, en vain, de l'ouvrir. Et pour cause, elle tournait la poignée dans le mauvais sens, c'était sûrement dû à l'empressement. Nathan s'approcha d'elle dans son dos et lui chuchota qu'il allait venir ouvrir la porte dans une minute mais elle ne voulait pas attendre et elle ne voulait pas de son aide ! « Je veux pas de ton aide ! » lui répliqua-t-elle en s'énervant à nouveau contre la porte et en reniflant. Elle essuya ses larmes rapidement et revint à la porte. « Pourquoi elle veut pas s'ouvrir ?! » rageai-elle avec une voix qui partait dans les aigus. Si ça avait été un film comique, cette situation aurait fait hurler le public de rire !
Pendant ce temps, dans son dos, se déroulait une conversation plus importante que sa petite crise. « Service animation au Labriz Silhouette, je prend note ! Allez voir une des secrétaires pour le règlement ! » lança le médecin en gribouillant ces informations sur une feuille de papier qui se trouvait sur son bureau.
Phoebe tira la porte vers elle mais elle ne bougeait pas d'un poil, se contentant de faire un truc sourd. Alors, pris d'un excès de colère ( colère, tristesse ? c'était un peu un tout ) elle mit un énorme coup de poing dans la porte. Et bien, faut pas l'énerver la petite. Enfin, elle n'était pas si énervée que ça, disons qu'elle était en larmes, qu'elle avait le cœur brisé... alors, une porte qui se met sur son chemin, ça lui fait péter un câble ! « Pourquoi elle veut pas s'ouvrir ? » sanglota-t-elle en se retournant et se laissant glisser contre la porte. Elle essaya d'aspirer de l'air parce qu'elle allait suffoquer à force de pleurer. Tout partait en cacahuète, elle n'arrivait même pas à ouvrir une satanée porte, elle était nulle.
Elle commençait sérieusement à déprimer, elle était au fond du trou et autant dire qu'elle n'allait rien faire pour revenir à la surface. Elle avait pourtant essayé pendant toute sa vie de rester en hauteur mais rien à faire, on la faisait tomber à chaque fois... Alors, à quoi bon se relever si on sait qu'on retombera tout aussi vite ?!

Nathan lui demanda de se pousser pour pouvoir ouvrir la porte, elle ne le regarda pas et s'écarta largement pour lui laisser le champ libre. La porte fût à peine ouverte qu'elle était déjà sortie et prête à partir le plus loin possible d'ici, sans tenir compte des remarques de celui qu'elle pouvait maintenant considérer comme.. un ex petit ami.
Peu importe qu'elle soit venue ici dans la voiture de Nathan, elle ne voulait très certainement pas passer je ne sais pas combien de temps dans un endroit clos avec un silence de mort ou alors, juste avec le bruit des pleurs de Phoebe.
Elle marchait aussi vite qu'elle le pouvait sans savoir si on la suivait au pas, elle s'en fichait, elle voulait sortir d'ici. Elle commença alors à trottiner pour finir par carrément courir vers la sortie, toujours en pleurant. Elle voulait courir tellement vite que son cœur arrêterait de crier sa douleur, elle voulait pleurer tellement fort que son cœur n'oserait plus se manifester, elle voulait y croire tellement fort, qu'elle aurait assez d'espoir pour le reste de sa vie. Malheureusement, ça ne marchait pas comme ça. Son cœur lui faisait toujours aussi mal et les larmes ne changeait rien à sa douleur, elle ne faisait que l'empirer.
Elle arriva enfin à l'extérieur de l'hôpital et constata avec mécontentement que rien ne changeait dans sa petite vie. Alors ça n'avait pas été que dans le cabinet du médecin ? ça se prolongeait aussi jusque dans la ville ? Mais alors, où est-ce qu'elle finirait par être en sécurité ? Où est l'endroit qu'elle cherche encore et toujours, l'endroit où elle ne souffrira plus ?